Le mouton de Panurge
L'expression « mouton de Panurge » désigne un suiveur. Une personne qui imite sans se poser de questions, qui suit instinctivement ce que fait le plus grand nombre et se fond dans un mouvement collectif sans exercer son esprit critique ni seulement faire preuve de l'intelligence qu'on peut espérer d'un être humain (Source Wikipedia)
Cette expression vient d’un roman de François Rabelais (que je n’ai jamais lu) dont je vous résume une scène :
L’action se passe à bord d’un navire en pleine mer.
Panurge, un genre de comique vagabond, se dispute avec un marchand.
Après réconciliation, Panurge achète un mouton parmi le cheptel du marchand ravi.
Aussitôt acheté…
Aussitôt le mouton fut jeté à la mer au grand dam du marchand.
Dans un esprit grégaire, les moutons suivirent le premier et tous se noyèrent.
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Nous sommes des moutons de Panurge, sans aucune exception.
Toi, moi, lui, elle, eux, nous.
Parce qu'ils t'ont dressé ainsi, tu crois dur comme fer, avoir besoin d’un seigneur, pour diriger ta vie dans les moindres détails ; ton travail, ta santé, ta maison, ton terrain, ton argent, tes économies, ta retraite, ton instruction, ton information, ta sexualité, ta sécurité, ta nourriture, tes vêtements, tes enfants, tes parents, tes jeux,...
Depuis les 1er rois jusqu'à l'actuel président, ils défendent uniquement leurs causes et leurs intérêts, jamais les nôtres. Ils déclenchent des guerres entre eux où ils envoient rarement leurs enfants mais volontiers les nôtres.
Ils nous ont persuadé de leur importance et de leur indispensabilité.
Ils ont ancré en nous, que sans eux, le chaos régnerait.
Alors que le chaos, c’est EUX.
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Avec leurs chiens de garde et à coups de bâton (sournoisement appelés : amende, loi, décret, impôt, taxe, norme, école, travail ou pass…), ils gardent le mouton que tu es, dans l’enclos. Et s’il le faut, ils ramènent à coup de taser, le mouton égaré, au sein du troupeau.
Ce que ne réalisent pas les moutons, c’est que toutes les nuits, le berger ouvre l’enclos pour laisser passer des renards affamés. Ces gentils carnassiers, protégés par les droits du renard, font un carnage dans le troupeau.
Les moutons épuisés d’avoir lutté contre leurs prédateurs, dès le jour levé, se précipite chez le berger pour demander de l’aide.
Le berger compatissant rassure les moutons et promet que l’enclos sera renforcé, que les chiens vont être mieux formés à lutter contre les renards.
Il va les protéger
qu’ils retournent paître tranquillement.
Tout va s’arranger.
La nuit suivante, le berger demande à son chien d’aller ouvrir l’enclos…
Tu connais la suite.
Changer de bergers ne servira à rien.
Les moutons doivent s'organiser entre eux pour régler les problèmes dont ils connaissent déjà les solutions simples et efficaces. Ils n'en ont juste pas conscience.
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Quand tu ne leur serviras plus à rien, ils te mèneront dans un epadh où ils pourront te déshumaniser et te piquer à loisir. Ils t'aideront même à décider du jour de ta mort.
L'euthanasie c'est pas fait que pour les chiens.
Le pire, c'est que tu trouves cela normal. Ton cerveau est tellement liquéfié par des siècles de dressage que tu n'es plus dans la capacité de concevoir d'autres voies que celles qu'ils ont tracées pour toi et ta descendance.
Tu ne réfléchis plus, ils réfléchissent pour toi.
Tu ne réagis plus, ils réagissent pour toi.
Tu ne t’insurges plus, ils te bercent d'illusions.
Tu n'arrives pas à imaginer un monde dans lequel, ces gens-là n'existeraient pas.
Tu n’essayes même pas.
Tu as peur.
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Goutte après goutte, de génération en génération, ils t’ont instillé une peur viscérale de tout.
Peur du manque, de la souffrance, de la faim, de la maladie, du licenciement, du chômage, de la guerre, du terrorisme, de l’immigré, de l'autre sexe, de tes jeunes, de tes vieux, de ton ombre, de ta main, de ton chien (désolé, je Brel parfois)
Tu as peur de désobéir, d’être puni, stigmatisé, isolé.
Tu préfères ne pas savoir.
Te conformer, ne pas te rebeller.
Ne surtout pas te poser les questions dont tu n’aimerais pas les réponses.
Gober tout ce qu’on te distille à la messe télévisuelle de 20h.
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PARCE QU’ILS TE L’ONT DEMANDÉ
Tu es prêt à détruire ta santé, à isoler mamie dans ta cuisine, à dénoncer ton voisin, à renier un membre de ta famille, à t’auto-enfermer, à perdre ton boulot, à détruire ton commerce, à humilier ta clientèle, à insulter tes fans, à renoncer à la joie, à la solidarité, à la bienveillance, à jeter l’anathème sur celui qui t’alerte ou celui qui se révolte.
Ils auraient pu pousser encore plus loin l’expérience sur ces aberrations comportementales, mais il a été concluant.
Tu as été effrayé, docile et lâche.
Tu l’es encore.
Maintenant, tu es mûr.
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Mûr pour partir à la guerre.
A moins d’être un mercenaire ou un tueur en série, tu ne peux pas tuer quelqu’un qui ne t’a rien fait.
Chez un humain mentalement bien constitué, il n’est pas naturel d’aller tuer de sang froid, un être vivant qu’il ne connaît pas.
Alors, ils te travaillent au mental pendant des mois ou des années pour te mettre dans les bonnes dispositions requises.
Tous les jours
Sans relâche
Jusqu'à ce que pour toi, cela devienne une évidence : tu dois le tuer avant qu'il ne te tue.
La tactique est de diaboliser l’ennemi. D’élever la haine de l’autre au niveau de ton patriotisme. Et si tu n’es pas très patriote dans l’âme. Ils feront appel à tes valeurs personnelles.
Ils vont susciter en toi la consternation, le dégoût, le rejet, le racisme d’état en accusant ton futur ennemi de toutes les tares, de toutes les cruautés, de tous les méfaits, de toute l’inhumanité, qu’il est possible de lui coller sur le dos.
Dans le camp adverse, ce sera à peu près la même propagande intensive.
Chaque camp assène que tu es dans le camp du bien. Les autres, c'est le mal absolu.
Et ce n’est pas bien difficile de te persuader, vu que tu n’entendras que la cloche de ton fournisseur de haine.
Il faut que tu défendes la patrie. Alors que t'as même pas le droit de circuler dessus librement sans être fliqué, contrôlé, taxé.
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De façon totalement empirique, je dirais que :
99 % des gens souhaitent vivre en paix, travailler, copuler, se distraire, élever une famille, voyager...
1 % ne pensent qu’à faire la guerre et y entraîner les autres par tous les moyens possibles pour servir leurs intérêts propres et ceux de leurs courtisans satellites (médias, parlementaires, célébrités et autres bourgeois nantis)
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Il en a toujours été ainsi. Depuis toujours. Seul l’endoctrinement a changé. Elle est devenue plus subtile, plus perverse parce que les peuples ont aujourd’hui, plus de moyens pour s’informer en dehors de la gamelle mainstream.
Pour t’amener à tuer l’autre, ton côté primaire doit ressurgir. Cette sauvagerie que la civilisation occidentale s’est efforcée de gommer et dont ils ont ponctuellement besoin...
...afin qu’il te semble parfaitement normal d’aller te faire trouer la peau par une épée, une flèche, un javelot, une baïonnette, une balle, un obus, une roquette, un missile, un drone, un laser, un robot.
Pour des mots
Pour la liberté
Pour la patrie
Pour la démocratie
Pour des intérêts qui sont rarement les tiens.
Ta haine doit court-circuiter ton instinct naturel de survie.
Ces apatrides considèrent qu'ils peuvent disposer de ta vie quand bon leur semble. Tu n'est rien
Tu feras partie des statistiques. Tu ne seras plus un nom, tu seras un matricule, une unité, une perte, un dégât collatéral, un chiffre dans la colonne "Mort" ou la colonne "Disparu".
Parce que, sache-le tout de suite, quand ils auront fait de toi un tueur en série, et quand, d’un côté comme de l’autre, ils auront obtenu ce qu’ils veulent (victoire, richesse, matière première, pouvoir, terre...), tes maîtres décréteront la paix jusqu'à ce qu'ils considèrent que la paix ne rapportent plus rien et qu'une bonne guerre relancerait bien leurs affaires.
Alors, si tu as survécu, on te dira : « C’est fini, serrez-vous la main »
On te sommera de faire ami-ami avec celui, qu’hier, on t’a désigné comme ennemi.
Au mieux, tu seras un héros mort avec ta petite médaille à titre posthume en attente de ta prochain réincarnation ; au pire, tu seras handicapé et traumatisé à vie avec une pension indécemment dérisoire.
Pendant que toi, tu feras des cauchemars et que tu essayeras de noyer tes visions d'horreur dans de la bière ; eux, passeront à autre chose, fomenteront d’autres guerres pour obtenir d'autres avantages.
L’oligarchie... heu… La patrie te remercie pour ton sacrifice.
Bien entendu, on te retirera aussitôt ton permis de tuer… jusqu’à la prochaine guerre.
Tu n'as pas le droit de tuer pour ton propre compte et encore moins pour te défendre.
Ce permis de tuer, c'est uniquement tes seigneurs et maîtres qui te l'octroient pour LEURS ennemis.
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Commémorons, posons des gerbes, recueillons-nous devant la flamme, fleurissons nos tombes pour que soit-disant plus jamais ça.
Tu ne te sens pas un peu cocu là ?
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Neko, octobre 2023