Le regretté Georges : discours de la soeur
Je hoche la tête et avance d’un pas.
J’aurais dû préparer un anti-sèche. C’est trop tard. Je me lance.
« Papa, pour nous tous, tu as été un modèle. Un père que toutes les personnes ici présentes auraient aimées avoir. Tu as été parfait. Parfait jusqu’à mes 6 ans.
Ce jour-là, ou plutôt cette nuit-là, tu es devenu ce monstre que je suis la seule à connaitre.
Vas en enfer et restes-y ».
Mon pitch terminé, je lève la tête. Ma mère me regarde horrifiée, figée dans une posture presque ridicule. Sûrement qu'elle allait se moucher. Son geste reste suspendu.
Toute l’assistante me regarde complètement sonnée. Leurs cerveaux grillés par l'information, il se demande sûrement comment ils doivent réagir et si c'est du lard ou du cochon.
Je tourne la tête vers mon frère, il est comme pétrifié, la bouche ouverte sur un son qui n’arrive pas à sortir.
Je prends la rose qu’il tient dans sa main et la jette sur le cercueil.
Je fais volte-face et avance droit devant moi.
Une image stupide me vient à ce moment-là. Je pense à Moïse devant la mer. Car, au fur et à mesure que je marche les gens s'écartent pour m’ouvrir le chemin.
Sans me retourner, je pars.
Neko, 2020