La bulle de Neko

Voyage dans le temps

Autant te le dire tout de suite cher visiteur, chère visiteuse, ça risque de tanguer.

 

Installe-toi bien, car tu vas voyager dans le temps.

Si pour toi, internet a toujours existé, c'est que tu es de la génération Z (voire Y)

Accroches-toi à tes accoudoirs

 

Allez, c'est parti !

 

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Ça y est ! j'y suis arrivée.

 

Telle l'ascension de la face nord de l'Everest, après moults difficultés, je peux dire que j'ai atteint le sommet de mon Everestitude (cherches pas dans le dico….).

 

Je suis arrivée au faîte de ma vie. Maintenant c’est la descente en pente douce vers l’inexorable néant. Vers l'absolue absence de moi-même.

 

Et c'est là que le vertige me prend.

 

 Ô rage Ô désespoir Ô vieillesse ennemieeee, n'ai-je donc vécu que pour cette infamie ?

(Corneille)

 

Pas le chanteur, le poète !

(1606-1684)

Putain, mais t’es pénible… qu’est-ce que t’apprends à l’école ?

 

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Come back :

 

- j’ai assisté incrédule au crash des jumelles. Pauvres amerlocs, plus de 20 ans après, ils ne s'en remettent toujours pas. En même temps, à force de remuer la merde des autres, elle finit par te retomber sur la gueule quand le vent tourne.

 

- j’ai vécu l'élection de Nicolas, le divorce de Nicolas, le mariage de Nicolas.

Prochain épisode : le procès de Nicolas. Vu que ça devient une manie de nos Très Hauts Dirigeants de finir leur carrière dans les salles d'audience… (mais ne les plaignez pas, ils peuvent toujours compter sur les copains pour les acquitter). Je n'avais pas imaginer que le pire restait à venir avec Flamby, puis le remake de la Cage aux Folles.

 

- j'ai connu la télé noir et blanc avec… 1 seule chaîne (oui ! t’as bien lu, jeune lecteur, 1 seule chaîne ! Rassures-toi on est très vite passée à 3 chaînes). C'est dingue.

 

- j'ai écouté attentivement les femmes troncs qu'on appelait les speakerines qui tous les soirs débitaient avec un joli sourire le programme du soir, puis on est passé à la couleur (super ! le sang n'était plus gris, il était rouge.).

 

- j'ai regardé avec passion le capitaine Kirk et Spok combattrent les Klingons

 

- j'ai tremblé pour David Vincent égaré dans ce raccourci tombant sur des extra-terrestres à l'auriculaire phallique (génialement parodié par Les Inconnus)

 

- j'ai admiré la sublissime Emma Peal dans ses cuissardes noires, bottant le derrière des ennemis de sa Très Gracieuse Majesté, accompagnée de son très british acolyte John Steed et le grassouillet Mère-Grand.

 

- un de mes préférés restera le très séduisant Dany Wilde (mention spéciale pour la voix sexy de Michel Roux), playboy invétéré et aventurier parti rejoindre Marylin

 

- j'ai regardé aussi les meurtriers se faire pincer bêtement par le magistral et unique Columbo accompagné de sa récurrente et invisible bonne femme (RIP à lui aussi)

 

Parenthèses : jeune lecteur, je te préviens, il y a beaucoup de morts dans cette partie du récit. On ne peut pas impunément traverser des décennies sans en laisser quelques-uns sur la route de la vie.

 

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Donc, je reprends :

 

- je me suis lobotomisée le cerveau avec Loft, la Star Ac, La Nouvelle Star. Depuis, j'ai arrêté car je commençais à avoir des signes très inquiétants de dégénérescence mentale. Il n'y a plus que Kho Lanta qui trouve grâce à mes yeux.

 

- j'ai assisté médusée à la chute du mur de Berlin et encore plus médusée à la chute de mes seins.

 

- j'ai appris la mort de Cloclo, de Mike Brant, de Dalida, de Mickaël, bon là j'arrête… y 'en a trop !

 

- je suis passée sans m’en rendre compte du 33 tours au CD laser, et du 38 au 52 avec la même insouciance

 

- j'ai connu la radio à galène (nan j'rigole). J’ai porté négligemment sur mon épaule un poste de radio-cassettes d'un 1 mètre de long tout en faisant du roller, sûre de ma cool-attitude. Cette radio hip-hop a été définitivement ringardisé par le Ipod, le baladeur, les MP, le téléphone, puis le smart

 

- le téléphone maison (comme disait un extra-terrestre de mes amis) a été supplanté par Iphone (pour les plus de 50 ans prononcer aïefone)

 

- Ah, le fameux Minitel. 3615 OLLA (si tu as corrigé la faute, c’est que tu as très très bien connu le minitel, toi !) Passons... je veux pas te mett' la gêne.

Le roi Minitel est mort, vive le roi Insta.

 

Quoi ? Tu me demandes si j’ai connu le gramophone ?

Eh ! Oh ! Faut quand même pas exagérer !

 

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Si tu es né(e) à partir des années 80, je vais te parler du début de la technologie.

Gougueule m’est témoin, ce que je vais te raconter est authentique.

 

On est au début des années 70. Bill et ses potes sont encore dans leur garage entrain de bidouiller MS-DOS.

 

En attendant, je travaille sur toutes sortes de machines à communiquer… de toutes les époques :

 

- la machine à corbeille. J'vais pas t'expliquer, tu demandes à ton pote Gougueule

- l'IBM à boule. Contrairement à une espèce bipède, il en avait qu’une, avec bande effaceur s'il vous plaît.

- la machine avec un écran d'une ligne. Ouais, là on progresse un peu.

- l'ordinateur fait encore la taille d'un hangar et le bruit d'une Caravelle.

 

Puis ce fut l'avènement de l'ordinateur professionnel.

The must des années 80, un ordinateur coûte un bras et la chemise avec.

Donc, il n'y a que les entreprises qui peuvent l'acheter et les riches (mais eux sont rares, ils n'y comprennent rien et n'y voit pas grand intérêt).

 

Les premiers ordinateurs individuels sont gros comme une télé à tube cathodique.

 

Chargement des programmes : 20 minutes avec plusieurs disquettes 8 pouces

détrônés par les disquettes de 5 pouces

remplacés par les disquettes de 3 pouces

puis éjectés par la clé USB et le cloud

Mon avis qu'il faudra des jumelles pour voir le prochain outil de stockage, parce qu'il ne sera pas plus gros qu'une tête d'épingle ! Merci Taïwan.

 

Chaque constructeur y allait de son programme perso : Texto, Framework, Alcatel, etc.

Aucun de ces programmes ne ressemblait à l'autre.

Ils étaient aussi différents qu'une fourmi pouvait l'être d'un dauphin.

Ce qui obligeait les utilisatrices à apprendre plusieurs logiciels.

 

J'ai bien dit "utilisatrices". Oui parce que les ordi étaient utilisés essentiellement par les femmes. Deux catégories d'hommes s'y intéressaient, les geek et les coeurs (ou les culs) solitaires. Les autres employés n'y touchaient guère, ça viendra plus tard, causant le déclin inéluctable du métier de secrétaire et d'assistante ; en effet, plus besoin d'elle pour taper un courrier, remplir un formulaire, écrire un rapport ; du commercial au DRH en passant par l'armée de Chefaillons, tout le monde s'en sert.

 

1984. Macintosh a atterrit sur la planète "ordinateur perso" et tout change.

Le menu déroulant, les fenêtres, les icônes, c'était absolument géniale et facile à utiliser, même par un pois chiche.

 

Leurs ordinateurs étaient affreusement chères. En plus du bras et de la chemise, les entreprises devaient licencier, 2 ou 3 couillons au hasard, pour se les acheter.

Si.

 

Le prix d'un ordinateur est devenu abordable (merci la Chine).

La démocratisation du PC est en marche. Bill n'allait plus tarder à investir et à s'accaparer toutes les parts de marché de l'informatique.

 

Ce cher Bill... qui aujourd'hui s'intéresse à notre alimentation et à notre santé pour son (heu...) pour notre plus grand bien.

 

Il voulait un ordinateur dans chaque foyer,

il veut maintenant un vaccin dans chaque bras

et un insecte dans chaque assiette.

 

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Un autre outil qui a bien changé, c'est le téléphone.

Si tu es de la génération X rappelles-toi qu’on ne pouvait pas te joindre à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.

 

On pouvait te joindre UNIQUEMENT quand tu étais chez toi.

 

Maintenant, où que tu sois, quoique tu fasses, avec qui que tu sois, tu es joignable.

Et quand tu ne l'es pas, tu te fais passer un savon.

 

"Tu décroches jamais ton téléphone ?" agresse l’Autre

"Ben si…… mais là, j'étais sous la douche (ou au chiotte*)…" réponds le Nonchalant

"Mouais…" répond l’Autre dubitatif

 

*Petites parenthèses : les chiottes ce n'est plus une excuse, puisque maintenant tu chies en regardant ton portable. (Oui, c'est ça... ne nies pas).

 

Ce qu'il y aussi de bien avec le téléphone portable, c'est que tu rentres de plein pied dans la vie de l'Inconnu.

 

Florilèges :

« Salut ! Té où ? »

« T'arrives à quelle heure ? »

« Tu passes acheter le pain ? »

« T'as lu mon mail ? Bon tu m’envoies un texto pour me dire que t’as répondu. »

« Tu me rappelles ? A toute. Ouais a+. »

« Je t'envoies un texto quand j'arrive. Bisou »

« Non mais tu te rends compte c'qu'elle m'a dit cette pétasse ? »

« Je suis coincée dans les transports, je vous supplie de ne pas laisser mon gosse sur le trottoir, j'arrive »

« Il faut que je te laisse parce que j'ai rendez-vous chez mon dentiste* »

*(avec ma mère, mon frère, mon pote, ma meuf, mon kiné… tu rayes les mentions inutiles).

« La soirée d'hier, trop trop bien ! Qu'est-ce qu'on s'est pété la tronche ! Alan a dégueulé sur Nanou ! PTDR »

« Je suis coincé(e) dans les embouteillages chéri(e) »

Bien sûr tu ne précises pas que c’est ta maîtresse (ou ton amant) qui est en train de te faire une tête à queue… dans une chambre d'hôtel.

 

Ah la la ! écouter la vie intime de mes contemporains est un émerveillement, surtout quand il la gueule bien fort sa vie privée dans tes esgourdes.

Que tu le veuilles ou non, t'avais qu'à pas être là.

 

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J’ai pas forcément respecté la chronologie de mes souvenirs.

Cher lecteur tu remettras tout ça dans l'ordre steplé, moi… une fois que c'est passé, mes souvenirs se rangent en dépit du bons sens dans les cases de mon cerveau, c'est un vrai boxon là-d’dans !

 

Noooon… rien de rien… nooooon…. Je ne regrette rien… ni le bien qu’on m’a fait… ni le mal, tout ça m'est bien égaaaaaaal....  (Edith Piaf)

 

PUB

Oui, y a pas de raison, que je ne puisse pas faire de la pub, après tout quand tu regardes un film, tu téléphones, tu prends ton métro, tu joues sur ton ordi, au travail, à l’école, quoi que tu fasses, où que tu sois, la pub t’agresse en douceur, s’insinue lentement mais très sûrement dans tes méninges, dans ta mémoire, dans ta peau, dans tes tripes.

 

Résultat, tu te sens obligé de marcher Nique, de roter Coka, de te greffer un Aïephone dans la main. Certes, t'as pas l’herpès, mais t’as l’air con (Les Inconnus) de ne pas posséder tout ça !

 

A cause d’elle, tu ne te sens pas complet, pas fini, tant que tu n’as pas eu l’objet de ton puissant désir. C’est charnel, il faut que tu le/la possèdes. Là. Tout de suite. Vite.

 

Ton banquier va sûrement faire la gueule. Peu te chaut. Tu l’emmerdes.

 

Et lorsqu’enfin, achat assouvi, tu jouïs de l’objet de tes rêves, à nouveau, insatiable, tu désires l'autre objet que tu viens de voir à l'instant dans la pub.

Arf ! Il te le faut AB-SO-LU-MENT.

Sinon tu meurs.

 

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PUB

Quoi… encore. Faites pas chié, on gagne sa vie comme on peut.

 

Et puis dans la série évolution téléphonique, il y a taper 1, taper 2, taper 3, etc.

 

Alors vous, je sais pas. Mais moi, j'ai juste envie de défoncer la gueule de l'inventeur du concept qui nous prive douloureusement d'avoir un être humain au bout de la ligne.

 

Une invention qui te donne l’idée irrépressible de prendre une bonne dose de Valium en urgence pour ne pas balancer ton téléphone à travers la pièce.

 

Je suis injuste. Il y a des sociétés qui offrent encore à ses clients le service exceptionnel d’avoir un humain au bout du fil. Trop sympa.

Un humain

  A l’autre bout de la planète

    Avec un fort accent

      Qui ne connaît pas ta langue maternelle

         Qui ne te comprend pas

            Et qui lit une fiche standard

Quand tu raccroches, tu as la nette sensation qu’on vient de se foutre de ta gueule.

 

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Tape 1  pour continuer à lire

Tape 2  pour arrêter cette lecture maintenant

Tape 3  pour remettre la lecture à beaucoup plus tard, voire à jamais.

 

Voilà. Si tu continues à lire ceci, c’est que t’as choisi l’option 1.

Tant pis pour toi.

Ça continue.

 

Si tu es encore là, tu te demandes probablement pourquoi ?

 

Ben je vais te le dire, mais avant… une page de PUB !

(Wouèèèè… je sais, c’est énervant hein ?).

 

C’est parce que je viens d’avoir 50 ans et que j’ai le blues.

Pas le blues du businessman. Non.

Celui du Noir au fond du Tennessee qui chante en pleurant sur sa vie si duuuuuure, qu’il a le blues ouais.

 

Oui bon. J’exagère.

 

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Un demi-siècle.

 

Un demi-siècle de battements de cœur, de sourires, de déboires, de rencontres, d’amour, d’amitiés, de haines, de trahisons, d'énervements, de hontes, de petits bonheurs, d’échecs, de colères, de rires, de morts, de naissances, de câlins, de grands moment de solitude, de travail, de plaisir, de frustration, de fatigue, d’ennui, de douleur, de bonne humeur, de réussites…

la vie quoi !

 

50 automnes au compteur ça ne fait pas particulièrement plaisir MAIS je me dis que j’ai la chance d’être au moins arrivée jusque-là et que ma fois (mon foie aussi) je ne suis pas trop délabrée.

 

 

La seule vraie question qui se pose à moi, est : que vas-t-on m'offrir pour cette occasion unique qui ne se représentera plus jamais ?

 

Je suppute, je suppute... (non gars, je fais pas de pipe)

 

Donc, je disais, je vais imaginer les cadeaux qu'on pourrait m'offrir :

- Un dentier en or 50 carats

- 50 colorations noire anti-cheveux blancs l’Oréal n° 50 (parce que je le vaux bien)

- 50 séances de botox

- Un méga pot de crème anti-rides 50 ml de chez MégaBelle

- Un abonnement à vie au club de bridge de mon quartier

 

- 50 kg de vitamines et autres substances plus ou moins licites (à acheter chez le plus proche dealer heu… pharmacien du coin)

 

- Un pacemaker en or massif pour qu’on dise de moi : « elle avait un cœur en or… »

 

- Un agenda relié peau de bête synthétique (j’veux pas d’emmerdes avec BB) avec mon nom et adresse pour que la personne qui me trouvera errante dans les rues, nus pieds, vêtue de mon seul pyjama en polyamide véritable, me ramène chez moi.

 

- un RV médical avec Christian TROY et Sean Mac NAMARA, les meilleurs chirurgiens du monde capables de transformer Ugle Betty en Marylin Monroe.

 

- Un carré Hermès pour aller avec la blouse bleue à fleurs mauves en polyester commandée sur La Redoute

 

- Un sonotone pour ne pas confondre «Madame, voulez-vous un jouet pour votre petit-fils ? » au lieu de «Madame, voulez-vous un joint pour votre petit-fils ?»

 

- 50 jours de croisière sur le paquebot «Princess» avec animations de folie : bingo, bridge, soirée tango, chanteur 70's

 

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Bon. C’est pas tout ça. Mais je dois faire une liste de ce qu’il me reste à faire, ces 50 prochaines années avant de caner.

 

Merci à toi lecteur patient et indulgent d’avoir traversé ce voyage dans le temps.

Maintenant, tu peux vomir.

 

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Neko 2020

Mise à jour 2024

 

 



26/12/2020

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